Je ne pensais pas revenir sur le sujet aujourd’hui, mais l’actualité politique m’y oblige. Contrairement à ce que j’avais écrit la semaine dernière – et qui était basé sur un article de La Presse -, le projet de loi sur l’assurance autonomie a été finalement déposé à l’assemblée nationale, vendredi, par le ministre de la Santé, Réjean Hébert.
Le ministre Réjean Hébert.
On craignait que la congestion de fin de session reporte ce dépôt aux calendes grecques. Mais le ministre Hébert a pu se faufiler in extremis pour présenter son projet qui devrait, à terme, modifier profondément tout le système actuel de soins à domicile.
On remarque que la dernière mouture du projet de loi comprend des modifications significatives. D’abord le ministre a tenu compte des réclamations des proches aidants entendues lors de la commission parlementaire. La loi inclurait dorénavant la notion de « répit » dans le cadre des services admissibles prodigués par les proches aidants.
Par ailleurs, la mise en œuvre de l’assurance autonomie se fera simultanément pour les trois catégories de bénéficiaires, contrairement à ce qui avait été annoncé dans le Livre blanc. On prévoit donc que dès le 1er avril 2015, l’application se fera en même temps pour les personnes âgées en perte d’autonomie et pour les individus, de 18 ans et plus, ayant une déficience physique et pour ceux présentant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant de développement. Initialement, le Livre blanc prévoyait un échéancier de 2014 à 2016.
Enfin, le projet de loi prévoit une somme de 500 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer les services à domicile et dans les résidences privées pour personnes âgées. Selon le communiqué émis par le ministère le jour du dépôt, vendredi, l’hébergement en centre de soins de longue durée (CHSLD) continuera de jouer un rôle essentiel dans le réseau afin d’accueillir les personnes en lourde perte d’autonomie.
Les craintes de la FADOQ
On remarque que le ministère parle de personnes « en lourde perte d’autotomie » qui continueront d’être hébergées en CHSLD. On semble exclure d’ores et déjà les cas plus « légers » pouvant bénéficier de soins à domicile.
Or, la semaine dernière, le Réseau FADOQ a dénoncé la réduction des places en CHSLD qui, selon l’organisme, serait entièrement effectuée d’ici deux ans. « Le Réseau FADOQ apprend avec stupéfaction que la réduction des places en CHSLD est amorcée alors que la demande ne fait qu’augmenter. Nous croyons que jusqu’à ce que l’assurance autonomie soit mise en place de manière cohérente, le gouvernement devrait, au minimum, maintenir les services en place » peut-on lire dans leur communiqué.
Tout en affirmant que l’assurance autonomie est un projet valable, la FADOQ est d’avis que, compte tenu de la complexité de cette réforme, le gouvernement devrait d’abord mettre en œuvre un projet pilote. On réclame également un cadre financier clair et une coordination planifiée de manière à garantir la disponibilité des services. Sans ces dispositions, la FADOQ se dit même prête à réclamer un moratoire.
Bref, le projet du docteur Hébert n’a pas fini de faire jaser. Chose certaine, il y a certes matière à réflexion et peut-être même à discussions lors des rencontres familiales du temps des Fêtes.
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