Ça fait des années que l’on s’inquiète de la qualité de l’eau de la rivière Yamaska. Et avec raison. Des études ont démontré que c’était l’affluent le plus pollué du fleuve Saint-Laurent. Cette situation n’est pas sans avoir de conséquences sur la santé humaine.
Dans une vidéo diffusée la semaine dernière, il est dit, entre autres choses, que près de 40% des infections intestinales (de type giardiase), recensées sur notre territoire, seraient liées à la consommation de l’eau provenant de l’aqueduc.
En effet, une étude réalisée en 2004, conjointement par l’Institut national de santé publique du Québec et le Centre hospitalier de l’Université Laval, indique que le risque d’hospitalisations dues aux infections entériques, potentiellement transmissibles par l’eau, est plus élevé dans les municipalités en surplus de phosphore, ce qui comprend près de la moitié des municipalités du bassin de la Yamaska.
Le fameux phosphore est malheureusement accompagné d’autres intrus comme les BPC, les DDT, les pesticides et les coliformes fécaux. Un méchant cocktail que les usines d’épuration ont peine à filtrer totalement, semble-t-il.
Cibler les coupables
Bien sûr, on ne peut pas pointer du doigt qu’un seul coupable, ça serait trop facile. On a tendance à accuser le secteur agricole. Près de la moitié du bassin versant de la Yamaska est consacrée à l’agriculture, particulièrement à la culture du maïs. Cette production est considérée comme polluante puisqu’elle nécessite plus de fertilisants et de pesticides.
Mais il y a d’autres facteurs. Le secteur industriel s’est beaucoup développé au cours des deux dernières décennies. Actuellement, pas moins de 110 industries du territoire rejettent des eaux usées.
Or, la majorité est raccordée à un réseau d’égout municipal et les stations d’épuration ont été conçues pour gérer les eaux domestiques et non les rejets industriels.
En plus, quand il y a de fortes pluies ou la fonte des neiges, comme actuellement, le volume d’eau qui circule dans les stations d’épuration peut augmenter au point de dépasser la capacité de traitement. Qu’est-ce qui se passe alors ? Le surplus d’eau usée est déversé directement dans la rivière, sans traitement.
En route vers les États généraux
Bref, il y a beaucoup de pain sur la planche pour améliorer les choses – ou du moins, pour empêcher qu’elles ne se détériorent davantage.
C’est dans cette perspective que l’on a annoncé, la semaine dernière, la tenue des États généraux sur la Yamaska. C’est le gouvernement du Québec qui a donné le mandat à l’Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV) de tenir ces états généraux dont le rassemblement final aura lieu le 24 mai prochain.
Mais d’ici là, la population concernée peut poser des gestes concrets. D’abord, en s’informant davantage sur l’état des lieux. On peut le faire en visitant le site urgenceyamaska.net où se retrouve, d’ailleurs, la vidéo dont il est fait mention au début de ce billet.
Dans le but de supporter cette démarche, l’OBV Yamaska a lancé une campagne d’appui populaire visant à recueillir au moins 30 000 signatures. Tous sont invités à devenir signataires de la déclaration qui est disponible sur le site ou dans les bureaux des 90 municipalités du bassin versant. Vous pouvez également devenir ambassadeurs de la campagne.
Il est grand temps de mener des actions significatives pour l’assainissement de la Yamaska et ces états généraux seront peut-être l’occasion de les amorcer. Enfin, on le souhaite fortement. C’est important pour notre santé, mais surtout pour la santé des générations futures…
***
Vos remarques, vos expériences ou vos commentaires sont les bienvenus au bas de cette page.