Dans les six derniers mois, 21 demandes d’aide médicale à mourir ont été formulées sur le territoire desservi par le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSS-ME). C’est ce que révèle le rapport semestriel 2015-2016 sur l’application de la politique portant sur les soins de fin de vie qui a été publié la semaine dernière.
Entre le 10 décembre 2015 et le 9 juin 2016, 18 de ces demandes d’aide à mourir ont été administrées dans les réseaux locaux de Richelieu-Yamaska, Pierre-De Saurel et Pierre Boucher. Le rapport ne précise pas dans quelle proportion. On indique cependant que trois demandes n’ont pas eu de suite : un patient ayant décédé de sa maladie et deux ne répondaient pas à tous les critères.
Parmi les critères à respecter, l’usager doit être majeur, être apte à consentir aux soins, être atteint d’une maladie grave et incurable, être en fin de vie et éprouver des souffrances constantes.
Le rapport indique également que plus de 515 intervenants du CISSS ont participé à une formation permettant de développer leurs compétences en soins de fin de vie. « L’esprit de la Loi concernant les soins de fin de vie, les différents volets qui la composent, des mises en situation dans le milieu et des études de cas ont été au cœur des échanges » précise-t-on. Au cours du mois de mars 2016, 234 infirmières et infirmières auxiliaires ont reçu une formation sur la sédation palliative continue.
253 demandes au Québec
Par ailleurs, Radio-Canada a compilé les données rendues publiques par l’ensemble des centres intégrés de santé et les centres hospitaliers universitaires. On y apprend qu’entre décembre 2015 et juin 2016, un total de 253 patients ont demandé l’aide médicale à mourir.
Ce nombre dépasse largement les prédictions (de 50 à 100), mais il se peut que plusieurs patients aient attendu l’adoption de la loi avant de faire part de leur décision prise depuis un certain temps, estiment des observateurs du secteur.
De ce nombre (253), 166 usagers l’ont finalement obtenue, tandis que l’aide médicale à mourir n’a pas été administrée à 87 patients. Donc, au total, 36 % des demandes d’aide médicale à mourir ont été refusées aux patients à l’échelle du Québec. Ce nombre est plus élevé à Laval et dans l’ouest de l’île de Montréal, où il atteint 71 %.
Réaction du RPCU
Ces données ont fait réagir le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) qui craint que les usagers de certains établissements subissent des pressions institutionnelles et professionnelles afin de dissuader les personnes en fin de vie d’obtenir les services auxquels elles ont droit.
« Qu’est-ce qui justifie que certaines régions refusent la majorité des demandes ? Les usagers concernés, des personnes extrêmement vulnérables, ont-ils été l’objet de pressions ? La question, très inquiétante, se pose avec acuité. Pire encore, la Loi ne prévoit aucune disposition visant à évaluer le respect des droits des usagers dans les cas où une demande d’aide médicale à mourir est refusée ou écartée », a déclaré M. Pierre Blain, directeur général du RPCU, dans un communiqué.
À l’instar de personnalités connues du monde médical, le RPCU demande au gouvernement du Québec d’évaluer rigoureusement le traitement de toute demande d’aide médicale à mourir qui a été refusée ou à laquelle il n’a pas été donné de suite, en particulier en regard des droits des usagers.
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