Ainsi, les maisons de soins palliatifs refusent « en bloc » d’inclure l’aide médicale à mourir dans les services qu’elles offrent aux usagers. Il fallait s’y attendre, ont dit certains, compte tenu des réticences qu’elles ont démontrées en commission parlementaire lors de l’étude du projet de loi qui, de l’avis général, fut un exercice démocratique exemplaire.
C’est leur affaire, certains diront, puisque ce sont des établissements privés. Sauf qu’elles reçoivent de généreuses subventions de l’État. L’affaire se complique encore avec le refus des médecins de l’unité des soins palliatifs du CHUM à offrir ce service. Mais là, on est dans le système public et l’on peut s’attendre à ce que d’autres unités, au Québec, suivent l’exemple. Ce qui a fait bondir le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui a rappelé aux médecins « qu’ils n’étaient pas les propriétaires de leur hôpital ».
La loi 52 entrera en vigueur en décembre prochain : c’est demain. Bon nombre de personnes, dans toutes les régions du Québec, sont déjà en situation de fin de vie. Imaginez l’inquiétude que cet imbroglio peut provoquer chez elles.
Comment demander à un malade affaibli, souffrant, de « magasiner » un endroit où l’on respecterait sa décision de mettre fin à sa vie en raison de ses souffrances insupportables ? Un endroit qui, dans les faits, appliquerait une loi dûment votée par ses élus. C’est aberrant. Et il est urgent que la situation se clarifie par respect pour ces personnes.
C’est à bon droit que le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) est intervenu, la semaine dernière, pour réclamer une intervention du gouvernement. Dans son communiqué, le RPCU se dit consterné par l’attitude de certains représentants du corps médical et du milieu des soins palliatifs qui refusent d’offrir l’aide médicale à mourir pourtant prévu par la loi.
« L’adoption des dispositions légales permettant l’aide médicale à mourir, dans de strictes conditions pour les usagers et dans le respect de la volonté individuelle des médecins, est le fruit d’un long et rigoureux processus qui a fait école jusqu’à l’extérieur du Québec. Que des institutions y fassent obstacle revient pour elles à se placer en porte à faux par rapport à la volonté des usagers, qui sont également des citoyens » a déclaré Pierre Blain, directeur général du RPCU.
Et il ajoute : « Nous invitons le gouvernement et les parlementaires à agir, quitte à apporter de nouveaux amendements législatifs pour s’assurer que l’esprit de la loi soit respecté. Les usagers qui le désirent doivent avoir accès autant aux soins palliatifs qu’à l’aide médicale à mourir, selon leur volonté propre ».
Afin de s’assurer du respect de la volonté des usagers et de l’absence de dérapages futurs, le RPCU réclame également une représentation directe au sein de la Commission sur les soins de fin de vie, instituée en vertu des nouvelles dispositions de la loi.
Le RPCU a tenu à rappeler qu’il a déjà fait, au cours des dernières années, des représentations favorisant la compassion envers les personnes en fin de vie, un meilleur accès aux soins palliatifs et le respect de leurs volontés par un encadrement légal approprié. Le RPCU a notamment participé aux auditions publiques sur le projet de loi 52.