L’attention médiatique s’est portée récemment sur la disparition de jeunes filles, notamment à Laval. On a visé les Centres jeunesse où les mesures d’encadrement ne seraient pas adéquates, selon certains. Or, Le Courrier du Sud nous apprenait que le Centre jeunesse de la Montérégie a enregistré deux fois plus de fugues qu’à Laval depuis trois ans.
Selon les chiffres fournis par le Direction des jeunes et des familles du ministère de la Santé et des Services sociaux, un total de 4098 fugues se sont produites au cours des trois dernières années chez les adolescents qui séjournent dans l’un des quatre centres de réadaptation de la Montérégie, situés à Longueuil, Chambly, Saint-Hyacinthe et Valleyfield, alors que seulement 2221 ont été enregistrées à Laval au cours de cette même période.
Il faut préciser qu’environ 730 jeunes sont admis chaque année au Centre jeunesse de Laval, pour une région de 500 000 personnes desservie, alors qu’au Centre jeunesse de la Montérégie, qui dessert une région de 1,4 million de personnes, près de 1500 jeunes ont été accueillis l’an dernier.
Les chiffres obtenus indiquent que le quart des fugues d’un Centre jeunesse au Québec se produisent en Montérégie. Au cours des trois dernières années, le Centre jeunesse de la Montérégie se situe 2e derrière celui de Montréal au chapitre du plus grand nombre de fugues.
Un encadrement adapté à chaque situation
Dans cet article, le CISSS Montérégie-Est a tenu à spécifier que les centres de réadaptation sont des milieux de vie où les jeunes sont libres de circuler. « L’idée n’est pas d’embarrer tous les jeunes mais d’offrir le niveau d’encadrement adapté à la situation de chacun » rappelle-t-on.
Il faut dire que depuis 2007, un règlement sur les conditions du recours à l’hébergement en unité d’encadrement intensif est venu baliser certaines mesures ou interventions à poser lorsque la sécurité d’un enfant peut être en cause. Ce type d’hébergement est autorisé lorsque le jeune présente un risque sérieux pour sa sécurité ou celle d’autrui, notamment au chapitre de la fugue.
La majorité des jeunes hébergés en centres jeunesse, bien que nécessitant des services de réadaptation, ne présente pas un degré de dangerosité tel qu’il est nécessaire de recourir à un milieu de vie comme une unité d’encadrement intensif pour les protéger. À titre indicatif, ces jeunes continuent d’aller à l’école du quartier et de visiter leurs parents.
Plus difficile de fuguer à Saint-Hyacinthe
Dans un autre article, paru cette fois-ci dans Le Journal de Chambly, une jeune fille de 18 ans, qui a été hébergée au Centre jeunesse de la Montérégie, a témoigné de son expérience. « Je suis allée dans toutes les unités de filles de la Montérégie, soit une à Longueuil, deux à Valleyfield et quatre à Saint-Hyacinthe ».
Elle avoue avoir fugué à de nombreuses reprises, et ce, pour des raisons diverses. Interrogée à savoir quels étaient les endroits où il était le plus difficile de fuguer, elle a répondu : « À Saint-Hyacinthe, à l’unité Le Séjour, car il y a toujours quelqu’un qui écoute ce que tu dis. C’est une unité en encadrement intensif. Tu ne peux pas parler quand tu veux. Il y a des temps pour ça et c’est seulement une conversation à la fois. À cette unité, tu ne sors jamais dehors sauf où il y a des clôtures. Si l’unité est dehors, il y a toujours un agent de sécurité dans la cour.
Les portes de cette unité sont toutes barrées alors tu ne peux pas te déplacer à ta guise. Par exemple, tu ne peux pas aller à ta chambre, car la porte des escaliers et celle de ta chambre sont barrées. Ta porte de chambre est aussi barrée la nuit alors tu ne peux pas sortir et le jour une alarme se déclenche si tu ouvres la porte. C’est la seule unité en encadrement intensif pour filles de la Montérégie-Est ».
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