C’est un sujet tabou, on n’en parle pratiquement jamais. Mais la violence exercée par les usagers du système de santé envers le personnel existe. Et beaucoup plus qu’on ne le pense.
Télé-Québec présente ce soir (lundi) un documentaire qui traite de cette question épineuse. Malheureusement, il risque de passer inaperçu puisqu’il est diffusé à 21 heures, soit en même temps que Les Pays d’en haut à Radio-Canada.
Qu’importe, l’émission intitulée Des soins aux poings sera rediffusée à quelques occasions et on peut consulter l’horaire sur le site de la série : http://fautenparler.telequebec.tv
Sur la page consacrée à ce documentaire, on retrouve une foule d’informations sur le sujet : des vidéos, des vox pop, des articles et des statistiques.
Saviez-vous, par exemple, que selon la CSST, ce n’est pas moins de 42,7 % des arrêts de travail ayant pour cause la violence qui toucheraient le personnel du système de santé ? C’est près de la moitié des cas de lésions physiques rapportées en milieu de travail.
Un état de fait trop souvent banalisé, mais qui a de réelles conséquences sur notre réseau de la santé déjà malade. En plus de priver les patients d’une précieuse ressource, une infirmière en arrêt de travail coûte de quatre à six fois plus cher à la société si on calcule les indemnités, les frais de remplacement du personnel et la perte d’efficacité.
« Les actes violents que vivent au quotidien les employés de la santé ne sont pas toujours assez spectaculaires pour faire la une des journaux. Pourtant, nul besoin de subir une attaque à l’aide d’une barre à clous ou d’être recouvert de bleus pour ressentir les effets insidieux de la violence. Cette dernière peut aussi bien être physique que psychologique » peut-on lire dans leur analyse.
Et à quoi attribue-t-on cette violence ?
Bien sûr, on pense d’abord au milieu psychiatrique, mais la violence existe ailleurs. Outre les actes violents dont on entend souvent parler, causés par des patients psychiatrisés ou sous l’effet de drogues, de nombreux cas d’agressions verbales ou physiques se produisent dans les urgences des hôpitaux et sont perpétrés par monsieur ou madame Tout-le-monde ; des individus sans histoire, mais poussés à bout par les longues heures d’attente.
Soit pour les « patients » ou pour les gens qui les accompagnent, les heures d’attente interminables finissent par exaspérer le commun des mortels. Plusieurs peuvent témoigner du professionnalisme du personnel soignant, mais la lourdeur (et l’inefficacité) du système actuel rend leur tâche quasi impossible dans des délais normaux.
On voit également beaucoup de violence verbale dans les CHSLD, une clientèle fragile qui peut vivre beaucoup de colère et l’exprimer parfois de manière inadéquate. Ce phénomène peut alors provoquer de la frustration accumulée chez les intervenants souvent débordés par la tâche. C’est d’ailleurs ce qui ressort des recherches portant sur cette forme de violence.
Bref, ce documentaire lève le voile sur un phénomène méconnu du grand public, mais qui révèle le quotidien des travailleurs de la santé et démontre l’agressivité qu’ils doivent gérer jour après jour. À voir pour une compréhension plus éclairée de la situation.
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