J’avais remarqué qu’elle avait de la difficulté à lire les panneaux indicateurs sur l’autoroute. Pourtant, il n’y avait pas si longtemps qu’elle avait changé ses lunettes. Après un autre examen, le diagnostic tomba : cataractes.
Ma sœur a 67 ans. Elle se situe donc à la tête de la cohorte des baby-boomers qui réclameront demain une chirurgie pour enlever leurs cataractes : une espèce de voile qui opacifie le cristallin et qui obscurcit la vision. Ça vient avec l’âge, semble-t-il, comme bien d’autres joyeusetés de la vie…
Ma sœur avait un peu peur de l’intervention. Il faut dire qu’en voyant les images sur le web, ça fait frissonner un peu. Se faire jouer dans l’œil avec un bistouri n’est pas ce qu’il y a de plus invitant.
Mais elle a subi l’opération la semaine dernière. Et elle a survécu. Assez bien même. Elle me jure que l’intervention s’est faite sans douleur. Et surtout, elle n’en revient pas comment sa vision s’est améliorée même si seulement un œil a été opéré. « On fera l’autre plus tard, lui a-t-on dit, on vous appellera ».
Une attente pas trop longue
Depuis le diagnostic, l’attente n’a pas été tellement longue : environ deux mois. Enfin, tout est relatif. On se rappellera qu’en 2004, le gouvernement québécois a établi un délai d’attente maximum pour certaines interventions prioritaires, dont la chirurgie de la cataracte. Le délai d’attente ne devait pas dépasser six mois.
Dans les données disponibles sur le site du ministère de la Santé et des Services sociaux, on remarque que depuis le 1er avril dernier, 97% des patients, inscrits à l’hôpital Honoré-Mercier, ont été opérés à l’intérieur de trois mois. C’est pas mal si l’on considère que la moyenne de la région (Montérégie) est de 78%.
Augmentation de la productivité
Pour atteindre cet objectif, des moyens ont été mis en place pour augmenter la productivité des médecins, déjà améliorée grâce aux avancées technologiques.
Si bien qu’une intervention qui prenait deux heures auparavant peut se faire maintenant en 15 minutes.
Résultat : les ophtalmologistes du Québec ont augmenté considérablement leurs revenus puisque la tarification pour « l’acte » est demeurée la même, soit 365$. Ils pourraient réaliser jusqu’à 25 interventions par jour.
L’affaire a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage à Radio-Canada dans lequel on apprenait que la rémunération moyenne d’un ophtalmologiste était de 450 000$, ce qui le plaçait au deuxième rang des médecins spécialistes, après les radiologistes.
L’acuité visuelle des beaux jours
Parlant d’argent, ma sœur a dû acheter la lentille qu’on lui a insérée dans l’œil. Une lentille souple qui coûte 300$. Mais ça valait la peine, me dit ma sœur. Comme elle s’intéresse à l’art, et s’adonne aussi à la peinture, la perception des couleurs est primordiale. On sait que le grand peintre Monet avait des cataractes à la fin de sa vie. Ses paysages devenaient de plus en plus « flous ». Normal, il peignait ce qu’il voyait.
Mais l’intervention chirurgicale redonne à l’œil son acuité visuelle des beaux jours. Il n’y a qu’un seul problème, me dit ma sœur : « Maintenant, je vois très bien mes nouvelles rides… ».