On sait que les soins de santé coûtent une fortune. Au Québec, ils représentent la moitié du budget total. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé en grande pompe une politique nationale de prévention en santé publique. Or, certains doutent que cette politique aura les effets escomptés, dont le journaliste de Radio-Canada Yanick Villedieu.
Depuis plusieurs années, nos gouvernements ont investi dans la guérison plutôt que dans la prévention. On a appelé ça « l’hospitalo-centrisme ». On a également assisté à une tendance, chez les médecins, à prescrire trop de médicaments, trop de tests ou trop de traitements qui s’avèrent inutiles. L’avancement des connaissances et de la technologie médicale en seraient partiellement la cause, ce qui contribuerait à l’explosion des coûts.
Mais nous, les usagers du système de santé, avons-nous notre mot à dire ?
Depuis quelques années, il existe une campagne de sensibilisation à ces phénomènes qui ne bénéficie pas, avouons-le, de beaucoup de publicité. Le site web Choisir avec soin est la version francophone de la campagne nationale Choosing Wisely Canada qui vise à encourager un dialogue entre le médecin et son patient afin de choisir les examens et les traitements les plus appropriés pour assurer des soins de qualité.
L’édition de cette année propose aux patients de poser essentiellement quatre questions à leur médecin pour savoir si leur prescription est vraiment nécessaire : 1) Ai-je vraiment besoin de cet examen, de ce traitement ou de cette intervention ? ; 2) Quels sont les côtés négatifs ? ; 3) Y a-t-il des options plus simples et plus sécuritaires ? ; 4) Que se passe-t-il si je ne fais rien ?
On invite donc l’usager et le médecin à établir un dialogue positif.
Certains examens et traitements ne sont pas nécessaires et n’ajoutent aucune valeur aux soins. En fait, ils réduisent la qualité des traitements car ils exposent les patients à des risques potentiels. Ils peuvent mener à un plus grand nombre de tests pour éliminer des faux positifs et ils contribuent au stress des patients. De plus, les examens et traitements inutiles mettent une pression accrue sur les ressources de notre système de soins de santé.
Plusieurs associations nationales de spécialistes représentant un large éventail de professionnels de la santé ont accepté de participer activement à la campagne. Elles ont élaboré une liste des cinq examens et traitements propres à leur spécialité que les professionnels de la santé et les patients devraient remettre en question.
Ces listes indiquent des tests et des traitements couramment utilisés dans chaque spécialité, mais qui ne sont pas appuyés par des preuves de leur nécessité et qui pourraient exposer les patients à des risques inutiles.
Personnellement, j’ai parcouru ces listes et j’ai appris beaucoup de choses. Des traitements que j’ai subis et qui n’étaient pas vraiment nécessaires et, en revanche, une opération que je croyais essentielle, ce qui n’était pas de l’avis du médecin spécialiste. Il m’a répété, presque mot à mot, la recommandation de son association médicale.
Comme quoi, le dialogue positif a son importance.
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