En juillet dernier, le gouvernement du Québec annonçait qu’il consacrera près de 60 millions $ pour les soins à domicile de longue durée. De ce montant, environ 8 millions $ seraient investis en Montérégie. La nouvelle a été généralement bien accueillie, notamment par les entreprises d’économie sociale à qui l’on octroyait des sommes importantes pour former des préposés aux bénéficiaires.
Or, une nouvelle tombée la semaine dernière a quelque peu refroidi cet enthousiasme. Radio-Canada nous a appris qu’un important contrat public d’un million $ vient d’être octroyé au secteur privé qui baisserait ses prix en offrant des conditions de travail et des salaires moindres.
Le contrat a été donné par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval pour 50 000 heures de soins à domicile auprès de 200 clients pendant trois ans. En raison des conditions offertes à ses employés, l’entreprise privée a pu se positionner comme le plus bas soumissionnaire.
On sait que contrairement au secteur privé qui existe pour générer des profits aux propriétaires, l’entreprise d’économie sociale réinvestit ses gains dans ses services. En 2015, le gouvernement s’était engagé à améliorer l’accès aux marchés publics pour les entreprises d’économie sociale, des organisations sans but lucratif administrées par des citoyens pour les citoyens.
D’ailleurs, dans le Plan d’action de Québec, on peut lire : « Le gouvernement encouragera une meilleure participation des entreprises d’économie sociale aux appels d’offres des marchés publics ».
Des justifications
Au CISSS de Laval, on avance que les entreprises privées ont tout à fait le droit de déposer des soumissions pour des services de soins à domicile. Les contrats doivent être accordés « sans discrimination liée à la nature de l’organisation ».
On affirme également que le prix proposé n’a pas été le seul critère de sélection. Il y avait aussi la qualité des services. Cependant, l’article indique que les préposés qui travaillent pour l’agence ne gagnent guère plus que le salaire minimum.
En entrevue sur ICI RDI vendredi, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a affirmé que toutes les règles relatives à l’attribution d’un contrat à la suite d’un appel d’offres ont été respectées dans cette situation. Et, à ceux qui protestent, le ministre rétorque que c’est en accord avec les règles du marché. Les contrats vont « au meilleur, en termes de qualité et de prix », a-t-il dit.
La CSN à la défense de ses membres
Par ailleurs, la CSN s’insurge également contre ce fameux contrat octroyé à l’entreprise privée. Dans un communiqué émis vendredi, l’organisation syndicale affirme : « Le contrat qui vient d’être donné à une entreprise privée est l’illustration éloquente que le gouvernement est prêt à tout, même à dénaturer le réseau public et universel de soins de santé, pour minimiser ses dépenses. Or, il le fait au détriment des travailleuses et travailleurs du secteur public de la santé et des services sociaux, qui sont pourtant les meilleurs à pouvoir offrir des services continus et à pouvoir assurer les liens entre les membres des équipes soignantes ».
Chose certaine, on souhaite que les bénéficiaires, notamment les personnes âgées, aient les meilleurs soins possibles.
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