Le projet de loi concernant « les soins de fin de vie » pourrait être adopté d’ici Noël. C’est demain matin. Même si une majorité des organismes directement concernés semblent approuver globalement le projet de loi, certains intervenants s’y opposent farouchement. Et la population dans tout ça ? Comme d’habitude, elle est ambivalente...
La semaine dernière, les audiences publiques sur le projet de loi 52 se sont poursuivies à l’Assemblée nationale et plusieurs organismes ont livré leurs positions. Du côté des POUR, se retrouvaient des « poids lourds » comme, par exemple, le Collège des médecins du Québec, la Fédération des médecins spécialistes de même que l’Ordre des infirmières et des infirmiers, pour ne nommer que ceux-là.
Dans chacun des cas, il est évident que leur mémoire contenait des recommandations qui les concernaient davantage. Mais en général, on juge que la législation est bien faite et qu’elle est nécessaire pour encadrer les pratiques de soins de fin de vie.
C’est aussi l’avis de la Protectrice du citoyen et de la Commission des droits de la personne. La Commission s’est dite satisfaite des conditions d’accès à l’aide médicale à mourir « qui indiquent clairement à quel moment, eu égard à son état de santé, une personne peut y recourir. D’autre part, l’inscription de la prestation des soins de fin de vie dans une perspective de reconnaissance des droits et libertés de la personne et du respect de la dignité est un élément crucial du projet de loi ».
Une opposition farouche
Ce n’est pas l’avis de tous les groupes qui ont présenté un mémoire la semaine dernière. Dans le clan des CONTRE, certains se sont opposés farouchement à l’adoption du projet de loi. C’est le cas, entre autres, du président de la Société québécoise des médecins en soins palliatifs, un organisme fondé en mai dernier.
« Les médecins hospitaliers seront en conflit d’intérêts avec le malade puisqu’ils retireront des bénéfices personnels directs en posant un geste euthanasique : les lits ainsi libérés seront alors occupés par l’admission de nouveaux malades, lesquels nécessiteront des soins actifs beaucoup plus rémunérateurs » a-t-il écrit dans son mémoire.
En fait, il avance que certains médecins pourraient accélérer le décès de leurs patients pour en hospitaliser d’autres afin de faire plus d’argent. Une déclaration qui a fait bondir certains parlementaires, notamment la ministre Véronique Hivon.
Un sérieux travail d’information
Bref, le projet de loi ne fait pas l’unanimité bien qu’il semble se dégager un certain consensus de la part des principaux groupes représentant les professionnels de la santé. Mais il faudra, à terme, que l’entente règne puisqu’il en va du respect et de la dignité des personnes en fin de vie et de leurs familles.
Quant à la population en général – aux usagers du système de santé – le gouvernement devra faire un sérieux travail d’information. Si l’on se fie à un sondage Ipsos réalisé à la fin du mois de septembre, une certaine confusion régnerait quant à la compréhension du projet de loi.
En effet, le tiers des personnes interrogées interprète l’aide médicale à mourir comme étant la demande par le patient d’une injection entraînant la mort.
Trois personnes sur dix croient plutôt qu’il s’agit de soulager des symptômes par des soins palliatifs. Le troisième groupe, soit près de 40% des répondants, associe l’aide médicale à mourir à « l’interruption de l’acharnement thérapeutique ou au suicide assisté ».
Espérons que les autorités gouvernementales mettront autant de ressources pour expliquer la législation sur la fin de vie qu’ils en mettent pour la Charte des valeurs québécoises...
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