Depuis quelques années, la liste des nouveaux médicaments s’allonge et on dirait que de plus en plus de gens en consomment. Pilules, granules, gélules, comprimés, suppléments, vitamines : ces médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres. Ils présentent tous des effets secondaires et, qu’ils soient prescrits ou non, ils comportent certains risques pour la santé.
C’est l’une des mises en garde amenée par Lise Goulet du Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) qui donnait une conférence le 8 mars dernier à Saint-Hyacinthe.
La conférencière s’est adressé à près de 200 femmes réunies au centre communautaire Christ-Roi à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Son discours était très critique à l’endroit du système actuel et féministe dans son approche.
Et pour cause. Une enquête a révélé une augmentation considérable de la consommation de médicaments à ordonnance ou en vente libre, particulièrement chez les personnes âgées de 45 à 64 ans.
Or, la proportion de femmes consommant au moins un médicament (63 %) est beaucoup plus élevée que celle des hommes (43 %). Et cet écart n’est pas dû seulement à l’utilisation de médicaments spécifiques aux femmes (contraceptifs, hormones, etc.), il s’applique également aux médicaments pour le cœur et la tension artérielle, par exemple.
Mais l’écart est encore plus grand lorsqu’il s’agit de tranquillisants, de sédatifs ou de somnifères. Au Québec, les femmes se font prescrire deux fois plus de médicaments psychotropes que les hommes car on diagnostique chez elles davantage de dépressions, nous apprend Lise Goulet.
Cependant, elle nous informe que des recherches ont démontré que « les médecins manquent d’objectivité » au moment du diagnostic de la dépression et lors de la prescription de médicaments. Devant des symptômes identiques, ils prescriraient plus facilement des tranquillisants aux femmes qu’aux hommes.
Une conception « hormonale » de la féminité
Comment en est-on arrivé à cette « surconsommation » de médicaments ? La première partie de la conférence portait justement sur l’évolution des soins de santé au cours des derniers siècles.
Durant des temps immémoriaux, ce sont les femmes qui prodiguaient les soins à leur famille et à leur communauté. Mais avec l’émergence de la pensée scientifique, on a professionnalisé la médecine de telle sorte que même les cycles normaux de la vie des femmes ont été médicalisés.
Cette conception « hormonale » de la féminité selon laquelle le corps est une source constante de problèmes et de déséquilibre a amené les femmes à une situation de dépendance envers le système médical, avance la conférencière.
Or, pendant qu’elles s’en remettent aux médecins et aux médicaments pour préserver leur santé, elles risquent de négliger les bases mêmes d’une saine hygiène de vie : soit l’alimentation et l’activité physique.
L’importance de bien s’informer
Bien sûr, Lise Goulet a donné des pistes de solution à la fin de sa conférence. Il s’agit avant tout de garder un esprit critique à l’égard des médicaments qui sont prescrits. Pour ce faire, un certain nombre de questions seraient à poser.
- Est-ce que je sais exactement dans quel but tel médicament m’est prescrit ?
- M’a-t-on expliqué son action ? Quand le prendre ? Comment ?
- M’a-t-on informée des effets secondaires possibles, des interactions avec d’autres médicaments, suppléments ou aliments comme l’alcool ou la caféine ?
- Depuis combien de temps est-ce que je prends ce médicament ?
- Pendant quelle période devrais-je continuer à le prendre ?
- M’a-t-on indiqué les éléments à observer ?
- Est-ce que je note mes observations depuis que je prends ce médicament ?
- Est-il prévu que ma condition soit réévaluée afin d’ajuster, s’il y a lieu, ma médication ? Si oui, quelle personne compétente fera cette réévaluation ? À quel intervalle ? Sinon, pourquoi ?
- Si j’éprouve certains malaises ou des difficultés, est-ce que je peux joindre rapidement mon ou ma médecin ou mon pharmacien ou ma pharmacienne ? Sinon, quelle serait la personne-ressource à contacter ?
- Ai-je entrepris certains changements dans mes habitudes de vie ayant un effet favorable ou défavorable sur ma santé ?
- Quelles sont les ressources que je consulte habituellement pour obtenir de l’information concernant mes médicaments ? (Médecin, pharmacien ou pharmacienne, service Info-santé du CLSC, feuillets d’information, site Internet, personnes proches, etc.) Mes sources sont-elles suffisantes et fiables ?
On peut obtenir beaucoup plus d’informations en se rendant sur le site du Réseau québécois d’action pour la santé des femmes.